info vautours 12

Infos jusqu’au 7 juin 2006 inclus N° 12 de l’année ERRATUM Le n° 11 couvrait jusqu’au 1 juin 2006 et non pas jusqu’au 1 mai

I. - GYPAETE Gypaetus barbatus Crête des falaises orientales des Hauts Plateaux du Vercors (Réserve Naturelle)
“Le 5-juin-06 vers 11h30 un immature. En vol au dessus des crêtes des hauts plateaux depuis la tête de Praorzel jusqu'aux rochers du parquet ... perdu de vu ensuite.” Bruno Veillet.
Dans une zone bien peuplée de bouquetins : l’Ongulé le plus favorable à l’espèce, du fait de son habitat.

Reçu de R. Zink les marquages de sept individus relâchés (mis au taquet je suppose, mais pas nécessairement déjà envolés) dans les Parcs des Alpi Marittime (Italie), Stelvio (Italie) et Hohe Tauern (Autriche).

II. - PERC Neophron percnopterus
Chamaloc (Diois) : l’installation d’un couple d’adultes se confirme. Florence Pironnet, étudiante en biologie, en stage long au Parc Naturel Régional du Vercors, stage focalisé sur cette espèce, a observé trois accouplements dans la seule journée du 30 mai. Ce comportement n’avait encore jamais observé ici depuis le début du retour de l’espèce.
Phénologie de la reproduction : dans le précédent courriel, je demandais “ Le jeune du couple tardif (de l’Aude) devrait quitter le nid mi-septembre. A-t-on déjà connu des réussites à une telle date?
Le CORArdèche répond : “En 2004 en Ardèche, envol du jeune le 2 septembre, ce qui est proche de la date d'envol supposée ci-dessus.”


III. - VAUTOUR MOINE Aegypius monachus
Chamaloc (Diois) : dix individus identifiés depuis le début de l’année : un lâché dans les gorges du Verdon, cinq lâchés dans les Baronnies et quatre visiteurs des Causses qui, eux, n’ont pas de marques au plumage, mais dont les bagues ont été lues : deux immatures, identifiés ensuite dans les Baronnies et, identifié le 30 mai par F. Pironnet, deux adultes...qui entament ici leur quatrième estivage ! Lors du premier, ils étaient subadultes, et le couple visiblement en formation. A la fin de l’été, ils repartent dans les Causses ! Pour eux, c’est proche : autour d’une deux heures et demi de vol dans des conditions d’aérologie moyennes, s’ils le veulent. Quelqu’un connaît-il d’autres cas en Europe de vautours moines ayant de telles habitudes?
Hauts Plateaux du Vercors (sud) : le 8 juin deux individus sans marques au plumage (probablement deux des quatre ci-dessus), avec une vingtaine de v. fauves, O. Daye.


IV. - VAUTOUR FAUVE Gyps fulvus

A. - PROSPECTION ALENTOURS DES NOYAUX DE POPULATION DES ALPES
L’intensité de la prospection en montagne dans un rayon de 50 à 70 km autour des noyaux de population, à une certaine altitude n’atteint pas l’intensité qu’on lui connaît en période de séjour des transhumants. Mais elle n’a pas attendu leur arrivée pour commencer à se développer :

Mercantour : 24 le 28 mai en Haute-Tinée ;
Hauts Plateaux du Vercors : observation de plus en plus fréquentes, avec, dans le sud, jusqu’à 14 ensemble le 1er juin et une vingtaine le 8 ;
Dévoluy : 10 le 3 juin.

Contraste avec la quasi-absence à la mauvaise saison, au plus de rares visites. Hypothèses explicatives, ne s’excluant nullement :

éthologie : reprise du comportement exploratoire que la ressource soit là ou non ;
écologie : ressources accrues dès avant l’arrivée des transhumant par la fonte des neiges dégageant les cadavres d’Ongulés sauvages morts au cours de l’hiver et par les mises bases bas (placentas).


B. - DANS LES ALPES FRANCAISE A DISTANCE DES NOYAUX DE POPULATION
Des isolés en Chartreuse (3 cas du 4 mai au 4 juin), dans les Bauges (29 mai), 2 au Luberon fin mai, dans le nord du Vercors (Engins, 6 juin) ;
Quelques groupes : 2 le mai dans les Monges le 20 mai, 7 en Haute-Durance, le 28, 24 le 1er juin dans les Monts du Vaucluse, 2 +7 le 5 juin non loin d’Avignon , 8 au NE du Vercors (arêtes du Gerbier) le 5 juin,

C. - PLUS AU NORD
Du 13 mai au 2 juin, 25 observations, surtout dans les départements du Jura (jusqu’à 11 ensemble), de la Côte d’Or (jusqu’à , et de Saône-et-Loire (jusqu’à une vingtaine), mais aussi dans l’Ain, le Doubs, la Meurthe-et-Moselle, en Alsace et en Suisse romande. Deux individus recueillis épuisés : 6,2 kg et, découvert 4 jours plus tard, 5,2 kg ! Ils sont en de bonnes mains dans le centre de soins Athenas.

D. - MASSIF CENTRAL
Ardèche : observations nombreuses. Dans les Cévennes ardèchoises jusqu’à 37 ensemble: est-on encore dans le rayon d’action quotidien de la population des Causses???
Auvergne (quatre départements) du 9 avril au trois juin, 14 observation, de 1 à 18 ensemble moyenne = 4,71.
Ailleurs, observations dans les Monts du Pilat, dans ceux du Lyonnais, dans le Forez (10 à l’Ecopôle), y compris en zone urbaine : 9 au-dessus de St Etienne (rappel : déjà 1 au-dessus de Schaffausen CH et, l’an passé, 4 au-dessus de Grenoble, 9 au-dessus de la banlieue de Lyon).

E. - AILLEURS DANS LE SUD DE LA FRANCE
Aude, piémonts de l’Est des Pyrénées
“Voila encore 2 mois, observer un Vautour fauve sur une des placettes de nourrissage de Perc était exceptionnel, cela est maintenant devenue quasi-journalier même quand il n'y a plus rien à consommer...Le 1/6/6 ils étaient au minimum 41 posés sur la placette et à proximité (obs T. Rutkowski). Sur le département l'augmentation de la fréquentation par les Vautours est régulière et soutenue depuis 4 a 5 ans. Depuis lors nous accompagnons cela par de la sensibilisation auprès des éleveurs, élus ...et a partir de cette année par la création de placettes éleveurs dans le cadre du LIFE percnoptère. En dehors de certains éleveurs ovins en plein air intégral qui craignent que cela profite au Grand corbeau qu'ils redoutent en période d'agnelage, les Vautours et les actions en leur faveur sont bien perçues par tous. Maintenant si le scénario qui semble se dessiner en Espagne se confirme, il nous sera bien difficile de faire face en ce qui concerne la disponibilité alimentaire, c'est d'ailleurs le cas en ce moment. Nous cherchons bien de nouvelles sources d'approvisionnements mais cela restera limité en quantité. Beaucoup de questions se poses aussi en ce qui concerne la sensibilisation, surtout si nous devons faire face a des arrivées importantes d'oiseaux” Yves Roullaud, Percnaude (LPO).
Charente, à 45 km au N d’Angoulême
Le 25 mai, 15 dans un champ (l’un recueilli épuisé, remis à un centre de soins, via l’ONCFS), encore 13 le lendemain.

F. - ESPAGNE : POURQUOI LES VAUTOURS SONT AFFAMES
La situation catastrophique résulte de l’application bureaucratique d’une réglementation et législation européenne sans souci de la pérennité des populations de vautours et autres nécrophages :

depuis des siècles, on allait au plus simple et au plus facile dans un vide juridique, ce qui fondait la prospérité des vautours, même sans effectifs élevés d’Ongulés sauvages ;
on continue à aller au plus simple et au plus facile dans un cadre règlementaire et législatif européen proscrivant les aires de nourrissages informelles, improvisés.

Il est aberrant qu’aucun souci de préservation de la biodiversité n’ait fait organiser la transition progressive avec un dispositif de placettes légalisées, possible dans le cadre règlementaire et législatif européen (P. Orabi, LPO).
Un exemple aberrant (mais fréquent, également au nord des Pyrénées...) d’actions publiques contradictoires faute d’un souci de concertation et de coordination.
Il est souhaitable (et sans doute déjà entrepris) que la LPO, forte de son expérience de pression auprès de la Commission et de l'Etat français, fasse tout son possible pour aider les associations espagnoles à alerter le gouvernement et la commission sur le risque de désastre, et sur les solutions possibles (A. Wolff). Il nécessaire de savoir très vite si les changements en Espagne sont bien avancés, quasi-terminés, ou à peine amorcé : bref, avons nous déjà vu le pire ou bien n’est-on qu’à l’orée d’une catastrophe? Y. Roullaud, Percnaude (LPO).

G. - AFFLUX DE VAUTOURS FAUVES EN FRANCE
Origine et déterminisme
“ La France est innondée de vautours depuis plusieurs semaines, mais je ne pense pas qu'il y ait plus d'oiseaux espagnols que caussenards, voire alpins ou nord-pyrénéens. Dans (un) groupe de 33, dans l’Aude, il y avait au moins 2 oiseaux bagués, nés dans les Causses. un vautour non bagué ni signifie pas qu'il soit originaire d'Espagne. Les vautours caussenards ou alpins sont loins d'être tous bagués et le baguage au nid cette année par chez nous a été réduit de 60%.” Eliotout (LPO Grands Causses). Les lectures de bagues dans le Diois montrent aussi que tous les visiteurs des Alpes occidentales sont, de même, loin de venir d’Espagne. Dans les Baronnies, approximativement la moitié de la trentaine de poussins sera bagué. Il y a quelques années déjà qu’on note dans les Alpes occidentales un flux croissant de visiteurs à partir de la fin ou du milieu du printemps, avec d’année en année un début peu à peu plus précoce mais des effectifs croissant rapidement. Il est donc difficile de savoir ce qui, dans le phénomène actuel, est dû au développement d’habitudes amorcées par la constitution d’une chaîne de relais de population de l’Espagne aux Alpes occidentales via Pyrénées et Massif Central, avec accélération rapide sui generis ou/et d’une éventuelle accélération du fait de la fermeture de charniers espagnols, d’où exode massif. Il devrait être possible d’y voir plus clair en analysant l’ensemble des donnée disponibles :

étude détaillée des lectures de bagues, éventuellement avec des pondérations selon les effectifs, les distances, etc. ;
historique de la fermeture des charniers en Espagne avec quantification : y-a-t-il corrélation spatiale et temporelle avec les mouvements constatés?

Suivi
Il sera du plus grand intérêt de suivre dans les Alpes l’éventuel développement d’une transhumance avec estivage durable à distance du rayon d’action journalier des noyaux de population là où existent des disponibilités alimentaires : grandes populations d’Ongulés sauvages en milieu ouvert (surtout Chamois et Bouquetin en altitude), abondance de transhumant. Avis aux associations, aux Parcs et Réserves, à l’ONCFS et à l’ONF. Dans un Parc des Alpes (dont on taira le nom par charité pour lui et par égard pour ses collègues, qui n’y sont pour rien, eux), l’arrivée du Vautour fauve a perturbé l’image que s’en faisait une personne, qui décrète que “le Vautour fauve n’a pas sa place ici”! expression à peu près vide de sens biologique dont on a usé et abusé!. Outre la totale incompétence biogéographique que cela dénote, il est quand même très curieux que quiconque prétende connaître l’éco-éthologie du Vautour fauve mieux que le Vautour fauve lui-même... Ce travers dysfonctionnement intellectuel est pourtant fort répandu, vis à vis des espèces les plus diverses ! Mieux vaut en rire qu’en pleurer, sans doute...
Gestion
Les associations quant aux idées, les financeurs et responsables de la réglementation à la mise à disposition de moyens, sont face à un défi qui révèlera soit inertie et sclérose bureaucratique, soit souplesse, imagination, rapidité, pour saisir ce qui pourrait être une chance : l’établissement de charniers alimentés par du bétail mort collecté dans les élevage, ceci ex nihilo ou par conversion de placette à percs approvisionnés de déchets d’abattoirs, pourrait créer une tradition de fréquentation, peut-être initialement saisonnière seulement, pouvant à terme déboucher sur une nidification. Le minimum serait que, dans les Alpes, France et Italie ne s’aligne pas sur l’élimination quasi-névrotique de la moindre charogne de bétail, en hélicoptère s’il le faut et même en payant 1000 € pour une brebis, qui fair rage dans d’autres pays alpins (traitement d’ailleurs généralement purement visuel et médiatique : la charogne, transportée de manière non étanche semant des gouttes sepiques tout le long du parcours : dixit un vétérinaire autrichien, aussi ironique que bien informé). Tout ceci n’empêche nullement que la sortie rapide de l’impasse espagnole soit une nécessité continentale en terme de populations, et pas seulement pour le Vautour fauve. C’est un tout autre problème.

H. - EOLIENNES, VAUTOURS, AIGLES ET AUTRES OISEAUX
Plus d’infos très prochainement. En attendant, vous pouvez toujours aller voir le site www.petitiononline.com/rspb0206/petition.html
Et, évenrtuellement, signer la pétition.