CR1 soirée cancer : causes et préventions aujourd'hui

Bonjour CR en 2 parties car trop long pour le forum

Compte-rendu de réunion LE CANCER : CAUSES ET PREVENTION AUJOURD’HUI
Organisée par le COLLECTIF AIR ( ) ET LAHGGLO le 11 avril 2006 avec
Jean Jacques CASTAGNERO : Centre International de rechercher sur le Cancer
Marc COLONNA : Directeur du Registre du Cancer de Meylan, bio statisticien
Modérateur professeur Patrice FRANCOIS dépt veille sanitaire, CHU de Grenoble
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Nos associations ont organisé 2 réunions en 2005 sur les problèmes de la santé et de la qualité de vie des habitants, la réunion d’aujourd’hui a pour but d’informer sur les causes du cancer afin de mieux comprendre l’augmentation de 63 % en 20 ans du nombre de nouveaux cas de cancers dont, selon le CNRS, seule la moitié s’explique par le vieillissement de la population.
En avril 2005, l’INSERM a publie un rapport d’expertise « Cancer Approche méthodologique du lien avec l'environnement » qui indique que :
« En 1999, les décès par cancer représentaient un quart du total des décès survenus dans les 15 pays constituant l’Union européenne, … Pour les décès prématurés (avant 65 ans), cette part atteint 37 %.
- Non seulement certains cancers augmentent fortement en nombre, mais également certains présentent une augmentation de la mortalité : en Isère la part des cancers dans la mortalité gle augmente de 1% entre 90 et 99 .
- Le taux de décès par cancer est plus élevé pour les hommes en France que dans les autres pays(50% de plus qu’en Suède, 20% de plus qu’en Angleterre).
- Chez les enfants l'augmentation des tumeurs solides au cours des années 1980 est retrouvée d'un pays à l'autre. (1500 cas annuels dont 450 de leucémie et 300 de tumeurs cérébrales, 1 cas sur deux avant 6 ans). Depuis ils ne diminuent pas
Heureusement l’INSERM donne des pistes d’actions :
«L'origine d'une majorité de cancers pourrait être expliquée par les comportements et le style de vie. Cette vision minimise cependant le rôle joué par les agents environnementaux qu'ils soient ou non des facteurs d'exposition professionnelle, et pour lesquels une relation causale est d'ores et déjà mise en évidence.
Depuis 1972, le CIRC ( Centre International de Recherche sur le Cancer) a ainsi évalué 900 substances suspectées d'être cancérogènes. La prévention du cancer doit associer la réduction du nombre de cancérogènes auxquels l'homme est exposé et la réduction des niveaux d'exposition...De grands groupes de population peuvent être exposés à des taux relativement faibles de cancérogènes, mais la réduction de l'exposition aura un effet préventif sur un grand nombre d'individus. »
Comment connaître ces substances cancérogènes et les éviter ou demander à nos élus de nous en protéger, c’est ce que demanderons à l’intervenant du CIRC. Quelle est la situation de l’agglomération dans le département relativement au cas de cancer, c’est ce que nous présentera le registre du cancer.
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JJ CASTAGNERO CIRC
La relation dose effet
Lorsque l’on est mis en présence d’une substance cancérigène, on a une phase d’exposition, suivi d’une phase ou le métabolisme peut aggraver ou minimiser l’effet sur l’organisme et d’une troisième ou apparaissent les tumeurs.
Pour quantifier ces phénomènes, on parle de :
- dose externe
- dose interne, qui peut être mesurée quelques heures après,
- dose biologiquement efficace, :
o quelques jours à quelques semaines on peut détecter des adduits à l’ADN ou aux protéines.
o après 20 à 40 ans on mesure les marqueurs tumoraux puis on observe des tumeurs.
Il se passe donc de 20 à 40 ans entre une exposition et l’apparition des tumeurs ce qui rend la recherche de leurs causes très difficile.
On peut mesurer ces données individuelles, mais la dose efficace varie d’un homme à l’autre, chaque humain réagit différemment à la dose a laquelle il est exposé.
Les substances cancérigènes ou mutagènes sont véhiculées dans la pollution, les pesticides, les contaminants, les médicaments. Elles agissent sur les humains, mais aussi les animaux, causant des dommages au matériel génétique. On sait aujourd’hui que, le benzopyrène que l’on retrouve dans les produits de combustion (Charbon, essence, diesel, fuel, etc……) mais aussi lors de l’application des bitumes, goudrons.., du groupe des Hydrocarbures Aromatique Polycyclique (HAP) peut causer des dommages aux macromolécules de divers organes ou fluides biologiques (peau, poumon, lymphocytes, sperme). L’ADN peut subir des pertes de base, se voir ajouter des adduits, voir sa base modifiée. Des pontages inter ou intra brins peuvent se produire, les rayons X causant des ruptures de brins. Le site principal de fixation des cancérogènes sur l’ADN est la guanine.

La méthode du CIRC ; les mesures sur les adduits
Donc, pour étudier la contamination de groupes de personnes, le CIRC a mesuré les adduits (par marquage au 32P) sur des tissus ou dans des lymphocytes. Cette méthode permet de voir les dommages a l’ADN.

Mais, les études par cette méthode sur des groupes de personnes exposées aux polluants sont rares. Elles sont longues : tester un échantillon prend une semaine et on prend rarement plus de 10 échantillons en même temps. Elles sont pourtant nécessaires pour prouver qu’une substance est cancérogène sur l’homme.
Elles se font bien sûr après des accidents (ex Tchernobyl pour les cancers de la thyroïde liés à l’ingestion d’iode radioactive).
Elles se font aussi dans le monde du travail. Dans ce cas, il faut connaître bien le poste et son exposition aux polluants. Ainsi, on peut avoir des expositions légères sur des postes à fort taux de polluant mais protégés, et plus imprtantes sur des postes à faible niveau de contamination dans l’air ambiant mais où les travailleurs qui procèdent à leur travail ou au nettoyage du matériel contaminé par les matières premières sans gants ; ou avec des gants inappropriés (ex :gants en vinyle pour les coiffeurs).
Lors du passage du goudron au bitume. Les industriels ont exigé que avant toute classification, des études épidémiologiques soient effectuées sur une population n’ayant jamais travaillé dans le goudron. Les épidémiologistes ont demandé une étude de bio marqueurs en parallèle. Celle ci a montré sur les rats que l’exposition soit par la peau, soit par inhalation était toxique sur le même organe cible, le poumon.
Mais de telles études rencontrent parfois des réticences dans le monde du travail. Ainsi, l’étude des marqueurs d’exposition au bitume n’a pu se poursuivre sur les travailleurs à cause d’une part du refus des industriels et d’autre part de celui des médecins du travail qui n’ont pas apporté leur aide.
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Marc COLONNA

Le registre du cancer recense et regroupe les cas de la population iséroise, en enquêtant sur les cas traités dans les structure de soins de l’Isère et des départements périphériques. Le registre de l’Isère est composé de 7 personnes équivalents temps plein, ce qui est peu par rapport aux besoins : sur une année comme 2002 on trouve dans tout l’Isère 5080 nouveaux cas de cancers dont 56% d’homme. Les cancers les plus fréquents sont le cancer de la prostate chez l’homme (27%) et du sein (25%) chez la femme.
Les registres en France sont récents par rapport à ceux d’autres pays. Il y a peu de registres anciens comme celui de l’Isère, environ une dizaine. Les registres sont des associations subventionnées localement (le Conseil Général de l’Isère finance depuis sa création de manière non négligeable le registre de l’Isère) et nationalement : InVS et INSERM. Une partie de leur budget correspond à des contrats d’études. Leur agrément est renouvelé de manière quadriennale par le Comité National des Registres composé par l’InVS et ll’INSERM.
Pour les enfants, leur poids est statistiquement trop faible pour étudier des comparaisons. C’est pourquoi il existe en plus un registre national des tumeurs solides et un des leucémies chez l’enfant.